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GTVMANU · Arbre à cames en tête

Le second lieutenant Charles L. BROWN était pilote de B-17 au sein du 379ème Bomber Group / 527ème Squadron, basé à Kimbolton en Grande Bretagne.

Nous sommes le 20 Décembre 1943.
De retour d'une mission à Bremen en Allemagne.
Son B-17 "Ye Old Pub" (42-3167) était dans un sale état, touché par la flak et quelques chasseurs. Le compas était endommagé et, déboussolé, il s'enfonçait dans le territoire ennemi en pensant faire route vers Kimbolton.

Alors qu'il venait de survoler un aérodrome ennemi, l'Oberleutenant Franz STIEGLER du 6./JG 27, reçu l'ordre de sauter dans son Bf109 et d'aller descendre la forteresse volante.

Quand il fut suffisamment proche du B-17, Franz n'en cru pas ses yeux. Selon ses propres mots, il n'avait "jamais vu un avion dans un si mauvais état". La section arrière était sévèrement touchée et le mitrailleur de queue était blessé, le nez était fracassé et l'appareil criblé d'impacts d'obus.

Oubliant un instant son ordre de mission, Franz se mit en patrouille au côté du B-17 et posa son regard sur Charlie BROWN se démenait pour maintenir son piège en état de vol.

Comprenant qu'ils ne savaient plus où ils allaient, Franz agita les ailes pour faire signe à Charlie de virer à 180°. Il les escorta et les guida jusqu'au dessus de la mer du Nord en face de l'Angleterre. Puis, il salua Charlie BROWN et reprit le cap du continent.

Après s'être posé Franz raconta qu'il avait descendu l'avion au-dessus de la mer et ne dit jamais la vérité à quiconque. Quant à Charlie BROWN et au reste de son équipage, ils racontèrent toute l'histoire lors du débriefing, mais ils reçurent l'ordre de ne pas en parler.

Plus de 40 ans après, Charlie chercha à retrouver le pilote de la Luftwaffe qui avait sauvé son équipage. Après des années de recherches, Franz fût retrouvé. Il n'avait jamais dit un mot de cette histoire, même lors des réunions d'après guerre.

Ils se sont rencontrés aux Etats-Unis lors d'une réunion du 379ème Bomber Group, avec à leurs côtés 25 personnes qui ne doivent leur vie qu'au simple fait que Franz n'a pas ouvert le feu ce jour là.

Charlie BROWN vivait à Seattle et Franz STIEGLER s'était installé à Vancouver après la guerre. Lors de leur rencontre, ils se rendirent compte qu'ils avaient vécu pendant 50 ans à moins de 300 Km l'un de l'autre.

Charles L. BROWN a écrit ses mémoires: "The 13 Minute Gap".

Raconté par les protagonistes :

Ce 20 Décembre 1943, alors que BROWN faisait cap vers son objectif, il fut sévèrement touché par la Flak. "Soudain," se souvient-il, "le nez du B-17, fut pulvérisé par la Flak. Puis 3 des 4 moteurs furent endommagés. Le plan horizontal gauche et l'élévateur arrachés, 90% de la gouverne de direction ainsi que le haut du plan vertical détruits. J'ai rapidement quitté la formation pour éviter d'endommager d'autres avions dans le cas où nous aurions explosé en vol. Les allemands nous sont rapidement tombés dessus. 8 Chasseurs par devant et 7 de plus par derrière et nous n'étions pas en position de nous défendre. Je me suis rapidement dirigé vers l'un d'entre eux. Je n'y croyais plus... L'avion s'était engagé dans un virage serré quand je perdis connaissance. Notre système d'oxygène était tombé en rade...".

Ensuite, le B-17 chuta de 8500 à 70 m avant qu'il ne reprenne conscience.
Chose incroyable, "Ye Old Pub" s'était stabilisé et volait droit vers un aérodrome Allemand. Au même moment, Franz STIEGLER qui s'était posé pour faire le plein de munitions, repéra l'avion de Charlie. Il sauta dans son Bf109 pour le prendre en chasse et ajouter un score à son palmarès Il se rapprocha par l'arrière jusqu'à quelques mètres.

Voilà comment STIEGLER décrit la rencontre: "Le B-17 était comme une passoire. Il y avait du sang partout. Je pouvais voir l'équipage qui tentait de venir en aide aux blessés. Le mitrailleur de queue était couché sur sa mitrailleuse son sang ruisselant le long du canon. A travers le trou béant du fuselage, je pouvais voir des membres d'équipage tentant de sauver un camarade dont la jambe avait été emportée. Alors, je me dis, 'comment pourrais-je faire feu ? Ce serait comme tirer sur un homme en parachute...' Quand j'étais en mission en Afrique du Nord, mon commandant disait: 'tu es un pilote de chasse. Si j'entends un jour que tu as tué quelqu'un en parachute, je te tuerai à mon tour...'".

Ensuite STIEGLER vola aile contre aile avec la passoire volante, suffisamment proche pour que les deux ennemis se voient distinctement. Puis il escorta la forteresse jusqu'au dessus de la mer du Nord. Et, à la grande surprise de BROWN, il le salua avant de dégager, lui laissant la possibilité de regagner un terrain Anglais.

Sur les 10 membres d'équipage, 4 furent blessés et 1 tué.

BROWN avait une balle dans l'épaule droite, mais il fallut attendre 40 ans avant qu'il ne le sache. STIEGLER qui fut descendu 17 fois, eu la chance de faire partie des 1200 pilotes de chasse allemands sur 30000 à avoir survécu à la Guerre. Pendant le conflit, il valida 28 victoires. Originaire de Regensburg (Bavière), il habite maintenant au Canada.

Des années plus tard, lorsqu'on demanda à BROWN si il lui était arrivé quelque chose d'intéressant durant la guerre, il répondit: "Un fois, un pilote de la Luftwaffe m'a salué."

Avec l'aide d'Adolf Galland et de l'association des pilotes de chasse Allemands,
BROWN réussi à retrouver STIEGLER des années plus tard. Avant ce fameux 20 Décembre, Franz avait déjà descendu deux B-17. Pour le troisième, il aurait obtenu la "Ritterkreuz des Eisernen Kreuzes", médaille des pilotes de chasse allemands. Si on avait découvert qu'il avait laissé filer le B-17, il aurait été traduit en cour martiale et exécuté.

PS : Equipage du "Ye Old Pub" le 20/12/1943

Brown, Charles L 2nd Lt Pilot
Luke, Spencer G 2nd Lt Co-Pilot
Sadok, Albert (NMI) 2nd Lt Navigator
Andrews, Robert M 2nd Lt Bombardier
Pechout, Richard A S/Sgt Radio Operator/Gunner
Coulombe, Bertrand O S/Sgt Top Turret Gunner
Blackford, Samuel W Sgt Ball Turret Gunner
Jennings, Lloyd H Sgt Right Waist Gunner
Yelesanke, Alex (NMI) Sgt Left Waist Gunner
Eckenrode, Hugh S S /Sgt Tail Gunner KIA

GODZYLA · Fossile du forum

Ouhhhff sacré histoire !

Me33qv · Fossile du forum

Comme quoi...

tintinseb · Taré du trêfle

Ce sont les pays qui se font la guerre, pas les soldats..........

coincoin · Fossile du forum

ouais enfin pas c'est pas le president du pays qu'appuie sur la gachette.... Rolling Eyes

tintinseb · Taré du trêfle

Ouais mais réflechir, c'est désobeir............

Caesarino · Tombeur de boite

Belle histoire , trop rare , le respect des règles et du combattant sont rarement respectées a ce point!

diremas · Rodeur de soupapes

J'imagine l'émotion lors des retrouvailles... Very Happy

gtvpp · Fossile du forum

C'est une belle histoie Wink

bertone · Fossile du forum

Oui c'est une belle histoire ! la seconde guerre mondiale est pleine de belles histoires et c'est une période noire où le pire a cotoyé le meilleur....

ptitbug · Champion de la clé de 13

Les premiers aviateurs venaient principalement de la cavalerie,d'ou parfois de leur esprit chevaleresque et respectueux.

Je lu dans un autre registre,un pilote de l'escadrille Normandie-Niémen se crasher avec son yak pour ne pas abandonner son mécano qui était avec lui,et qui ne pouvez pas sauter.

Pour tous ces actes Héroîques,j'ai le plus grand respect.......

Gatouille_ · Fossile du forum

Très émouvante cette histoire en effet merci !

Puisque le sujet est lancé puis-je me permettre de vous raconter une (ou plusieurs) anécdote (s) qu'a vécu mon papa (né en 1933) lors de la bataille de Montecassino (entre Rome et naples là ou j'ai récupéré l'alfa) ?

Je trouve cette histoire particulièrement poignante...

Mais bon je ne voudrai pas abuser avec mon naturel disons....bavard Rolling Eyes

(doux euphémisme)

john · Tombeur de boite

ben vas y, on est sur un forum, bref, un lieu ou on échange, et ça a l'air en relation avec le sujet de ce post Wink

Il ne manquera que la bière pour t'écouter, j'vais p'têt aller m'en ouvrir une Very Happy

Gatouille_ · Fossile du forum

Bon du coup le temps d'aller chercher une bière et je me lance (bonne idée John !)

Donc je suis originaire de "là bas" juste à coté de Monte Cassino, à peu près à mi-chemin en Rome et Naples.

Ce fut le lieu d'une terrible bataille :
http://hsgm.free.fr/batailles/montecassino.htm pour ceux qui veulent l'histoire

Le film "indigène" se déroule en partie lors de cette bataille.

Avant tout quelques repères familiaux, mon père et ses parents vivaient à Lyon jusqu'en 1939, mais Mussolini avait menacé de confisquer les biens des expatriés donc retour en Italie en 1939 (aie çà tombe mal comme date Rolling Eyes

)
De retour vers Roccasecca (à coté de Monte Cassino) la vie suit son cours.

Qq repères sur la bataille :

Les alliès décident d'un débarquement par le sud de l'Italie pour (entres autres) occuper les troupes allemandes et leurs alliés à défendre dans un endroit excentré. Ce sont autant de troupes qui seront en moins ailleurs (en particulier en Normandie)

Les alliés remontent le long de la "botte" italienne jusqu'à "bloquer" autour de la colline de Monte Cassino. Lieu Stratégique.
Pendant des mois de très violents combats s'y déroulent sans avancée de part et d'autres, une effroyable boucherie, bombardements aériens, DCA, artillerie et même la marine (la mer est à 20 ou 30 km) mais il y a une "trouée" dans le relief, les alliès en profitent pour pilloner le coin de bombes.

Du coup les civils sont obligés de décamper pour la plupart pour ne pas finir en bouillie.
Après un long périple dans la montagne, avoir dormi dans des grottes, mon papa et ses 2 parents trouvent refuge chez des cousins bien plus loin à l'abri des bombes.
Un petit village ou il y a encore un peu à manger, et un toît pour s'abriter c'est un luxe en cette époque très mouvementée. Wink

Mais, une nuit, coups de bottes très violents dans la porte de la ferme.

Les soldats allemands Shocked

Manu militari (c'est le cas de le dire) ils rassemblent tout le village sur la place.
Tous les hommes du village de plus de 16 ans sont rassemblés dont mon grand père mon grand oncle.
On déballe la mitrailleuse lourde pointée et armée vers ces hommes.

Tous celà sous les yeux des femmes et enfants (dont mon papa 10 ans)

Un allemand explique la situation :
2 soldats en patrouille dans le coin on disparus, si on les retrouve pas tout de suite ils fusillent tous les hommes du village.
Shocked

Dans ce genre de situation même avec la barrière de la langue, il n'y a pas besoin de se faire expliquer 2 fois Rolling Eyes

La situation est très tendue, vous l'imaginez, en temps de guerre çà ne rigole pas trop.

Personne ne sait quoi dire quoi faire, car nul ne sait ou se trouvent ces 2 soldats... Confused

Puis au loin une voix féminine qui se rapproche en criant :

non ! non ! Attendez ! Shocked

Une dame arrive, elle habite seule, une ferme à l'écart du bourg, rapidement elle explique aux allemands que les 2 soldats disparus sont chez elle, morts Shocked

En effet, ces deux gaillards qui voulaient un peu trop se servir (poules et autres délices) et passer un agréable moment avec cette dame ont été bien servis.
Cool

Pendant que l'un d'entre eux courait après les poules l'autre a suivi la dame pour "se détendre" un peu, cette dernière a profité du peu de méfiance pour l'assomer, pan ! sur la tête.
Le second a eu le même sort. mort tous les deux cachés dans le tas de fumier Shocked

Imaginez l'héroisme de cette dame ordinaire qui vient se dénoncer pour sauver d'autres personnes. pas si courant.

Après vérifications de ses dires, la situation se détend au moins pour le village, la dame sera "évidement" rapidement fusillée.

Elle a une stelle à son effigie dans le village....

Bravo et respect, le genre de petite histoire que l'on oublie pas à 10 ans. Wink

je peux vous dire que quand mon père m'a raconté cette histoire ce fut plus que très poignant.

Gatouille_ · Fossile du forum

Ben dis donc, je vous ai plombés avec mon histoire ??? Laughing

Moi qui caressait l'espoir de me lancer dans des posts et des posts d'anecdotes Embarassed